jeudi 18 mai 2017

TITANIA 3.0, de Pauline Pucciano

Sorti le 09 mai 2017

Résumé : Paris, XXIIe siècle. La société devenue ultralibérale n’obéit plus qu’aux lois impitoyables de l’argent, des réseaux sociaux et du paraître. De grandes multinationales amassent des millions, dont Morgane Corp., qui fait fortune en prélevant et en revendant des organes...
Titania est devenue une icône des réseaux sociaux au physique presque irréel, tant elle ne cesse de modifier son apparence. Adulée, suivie par des millions de followers, rien ne la prédestine à rencontrer Jan, simple jeune homme de dix-neuf ans, poète à ses heures perdues. Et pourtant ! Lorsqu’ils se rencontrent, c’est le coup de foudre.
Ce que ne sait pas encore Jan, c’est que cette créature énigmatique, à cent lieues de son univers, a signé un pacte avec la mort… Peu à peu, il mesure toute sa fragilité. Mais leur histoire d’amour naissante se complique lorsqu’un officier de police ordonne à Jan d’enquêter sur elle. Qui est Titania ? D’où provient sa richesse ? Que cache son immense solitude ? En cherchant à comprendre, Jan découvre à quel point il est urgent de la sauver.

Mon avis : Avant de commencer ma chronique, j’aimerais remercier les éditions Magnard Jeunesse pour l’envoi de ce livre. Je ne m’y attendais pas du tout et j’ai pu, ainsi, découvrir un univers que je n’aurais pas forcément lu de moi-même.
J’ai donc pu découvrir l’écriture riche, fluide et sympathique de Pauline Pucciano qui ne nous livre pas seulement un roman dystopique mais aussi une réalité qui pourrait très bien arriver, si nous laissons toujours la science dériver.
A travers ce roman, j’ai vraiment ressenti que l’auteur lançait un message fort sur les dangers vers lesquels notre société se tourne depuis quelques décennies. Le paraître, l’argent, les nouvelles technologies… Un trio explosif qui, une fois combiné, nous mène dans ce Paris futuriste où vivent Jan et Titania, ces deux jeunes d’à peine 19 ans que tout oppose.

Leur histoire banale sans vraiment l’être nous pousse à comprendre vraiment les rouages de cette société où l’argent est roi. Ce même argent qui a poussé Titania à se modifier jusqu’à outrance, car quand on est riche on est extraordinairement beau. Ou encore celui qui se sert de la misère des autres pour mieux servir d’autres desseins ; vous êtes pauvres ou Hors Réseau, vendez vos organes pour que les plus riches retrouvent jeunesse et beauté.
Voilà le monde dans lequel vit Jan.

Jan est loin d’être un jeune homme comme les autres. C’est un doux rêveur, un poète à ses heures perdues. Bien souvent déconnecté de cette réalité, il regrette parfois de ne pas être né au XXème siècle. Il refuse ces modifications, aident comme il peut les personnes qui en ont le besoin. C’est vraiment agréable de retrouver un héros « doux » et attachant. Toutefois, Jan fonctionne à l’émotion, ce n’est pas un rebelle, ni une tête brûlée, s’il se révolte c’est seulement pour elle : Titania.
Titania va bousculer son monde, sur le plan sentimental mais aussi concrètement quand la police lui imposera de devenir leur indic pour suivre les moindres faits et gestes de sa belle, car sa belle est loin d’être un livre ouvert et le secret qu’elle cache risque de le détruire s’il la laisse faire.
On découvrira alors en même temps que lui, qui est Titania.

Titania est la jeune femme superficielle par excellence. Du moins, aux premiers abords, car lorsque l’on creuse un peu plus, on se rend bien vite compte, grâce à l’enquête de Jan, qu’elle est en fait une jeune femme brisée, seule et que son destin, elle l’a scellé depuis quelques années déjà.
Heureusement, elle pourra compter sur le soutien infaillible de Jan mais aussi de Mytho, ce Haut Réseau qui leur sera d’une aide précieuse, en leur mettant le pied dans l’étrier pour que leur amour puisse survivre.

En bref, si je devais décrire ce roman en quelques mots, je dirais qu’il est sympathique et agréable à lire. Ce n’est pas la dystopie de l’année mais l’auteur a réussi à me plonger dans un monde virtuel tout en faisant en sorte de trouver une résonance dans ma réalité. Toutefois, si je devais lui donner un défaut, ce serait le manque d’émotions que j’ai ressenti face au couple Titania/Jan. J’aurais préféré voir une évolution de leur amour plutôt qu’un déballage en quelques lignes dès leur première rencontre.

Mon extrait :
" Jan sursauta. Il débrancha son Réseau-Vecteur et ouvrit les yeux sur le monde réel. Il était toujours à la même place, depuis plus de trois heures. Assis sur le rebord de la fontaine Stravinsky, en face de l’Identitemple. La même foule bariolée et hétéroclite se pressait là, quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit. Il mettait toujours quelques fractions de seconde à réintégrer la réalité ; il s’oublia un instant à observer les gens, et la voix le rappela à l’ordre :
- Vous vous faites vieux, remarqua-t-elle. Vous mettez un temps infini à retomber sur Terre.
Il se retourna vivement, avec irritation. La créature qui lui parlait ne paraissait pas avoir plus d’une vingtaine d’années – peut-être quinze, peut-être cinquante ? Qui pouvait le dire ? L’âge restait une manière de décrire les gens, comme la longueur de leurs cheveux ou leur couleur de peau. Cela pouvait changer d’un jour à l’autre, mais il fallait bien se raccrocher à quelque chose. Elle était très « art’ », comme on disait – ce qui signifiait plus ou moins qu’elle était un produit artistique sophistiqué et harmonieux. Il ne prêta pas attention aux détails de sa personne – mais la vision d’ensemble lui plut. "

Chronique de Sandy Twi-cops

Broché: 240 pages
Editeur : MAGNARD
Collection : M les romans

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