mardi 21 avril 2015

Pardonne moi, Leonard Peacock de Matthew Quick

Sortie le 09 Avril 2015
                                                               
4ème de couverture :
"En plus du P-38, le flingue de mon grand-père, il y a quatre paquets, un pour chacun de mes amis. Je veux leur dire au revoir correctement. Je veux qu'ils gardent un souvenir de moi. Qu'ils sachent que je suis désolé d'avoir dû leur fausser compagnie. Qu'ils ne sont pas responsables de ce qui va se passer... " Aujourd'hui, Leonard Peacock a dix-huit ans. C'est le jour qu'il a choisi pour tuer son ancien meilleur ami. Ensuite, il se suicidera. Plus tard, peut-être, il se dira que c'est OK, voire important, d'être différent. Mais pas aujourd'hui."


Mon avis :
J'ai fini ce livre avant hier soir et je me suis laissée un peu de temps avant d'en faire sa chronique car j'avais vraiment peur de ne pas être à la hauteur de cette lecture. Est-ce que ce livre a été un coup de cœur ? Pas loin en tous les cas ! J'aime ces auteurs qui arrivent à vous mettre le cerveau à l'envers, à vous mettre la boule dans la gorge durant toute la traversée... parce que c'est ce que le personnage de Leonard m'a fait. J'aurai tellement aimé croiser un Leonard Peacock, un Mr Silverman ou un voisin comme Walt.

Venons-en au fait !
Leonard est un jeune lycéen de tout juste 18 ans. Il vit seul depuis que son père les a abandonné, Linda et lui. Oui, parce que sa mère ne mérite décidément pas le terme de "maman" alors on l'appel Linda. En, effet, cela fait 2 ans qu'elle laisse son unique fils se débrouiller seul à Philadelphie alors que elle vit à New York pour mener sa carrière de styliste. Mais Leonard n'est pas dupe ! Il sait que c'est surtout pour ne pas à avoir à le gérer lui et pour pouvoir se taper tranquillement son nouveau petit copain français.
On pourrait  se dire qu'il devrait se sentir bien parce que, honnêtement, combien d'ados de son âge aimeraient ne pas avoir leur parents dans les jambes tout en disposant de l'argent nécessaire pour vivre et s'amuser ?
Mais aujourd'hui, c'est un jour particulier... parce que c'est son anniversaire mais c'est aussi le jour qu'il a choisi pour tuer son ex meilleur ami, Asher Beal. et se suicider juste après. 

Alors avant de se servir du P-38 de son grand-père, Leonard a besoin de dire "au revoir" aux gens à qui il tient. Donc, avant d'aller en cours, il se rend chez son voisin et ami, Walt, un vieil homme qui vit seul, qui lui a donné goût aux vieux film en noir et blanc avec Humphrey Bogart et avec lequel il passe beaucoup de temps. Ils ont un jeu d'ailleurs : ils ne communiquent que grâce aux dialogues de leurs films cultes qu'ils connaissent par cœur ;-) 
Ensuite il passe voir Baback, ce jeune garçon d'origine Perse et génie du violon, qui a subit les violences de Ashley pendant bien des années. Un drôle de lien les unis ces 2 là... On ne peut pas dire qu'ils soient amis car ils ne se parlent pas, ne se connaissent pour ainsi dire pas mais Baback a donné l'autorisation à Leonard de rester dans l'auditorium pendant toutes ses répétitions. Notre virtuose n'imagine pas le bien que lui procure ces simples moments de quiétude.
Et il termine son tour d'adieux par Herr Silverman, son prof préféré. Avec lui, il n'a jamais la sensation d'être différent de ses camarades, d'être anormal. Avec lui, toutes les discussions sont bonnes, il ne juge jamais personne, répond toujours franchement, ne ment jamais.   
Car oui, Leonard ne répond pas aux critères requis par les gosses d'aujourd'hui : il ne porte pas de vêtement de marque, ne supporte aucune équipe de sport, ne passe pas son temps à juger ses camarades, ne cherche pas à être l'idole du lycée, ect... Leonard, lui, se pose de vraies questions. On se demande s'il n'est pas un adulte prisonnier dans un corps d'ado. Toutes ces questions existentielles qui ne lui facilitent pas la vie.   

Vous vous demandez  ce qui a poussé ce jeune garçon doux et intelligent à mettre en place un plan d'action visant à tuer un camarade et à retourner l'arme contre lui ensuite ? Ce qui a fait que cette journée qui devait être l'une des plus belles de l'année soit la plus triste ? Comment sa mère a été sourde aux appels de détresse de son fils ? Comment  les adultes qui l'entourent n'ont pas compris l'ampleur de la souffrance qu'il traîne ? 
Vous aurez vos réponses, par contre, ne vous faites aucune illusion avec Linda, cette femme est un cas désespéré !! :-/ 
Que va-t-il advenir de Leonard ?
Qu'est-ce qui l'a poussé à prendre cette terrible décision ?
Quelles répercutions auront ses actions ?
Quelle avenir pour tout ces personnages ?
Pourquoi Mr Silverman ne remonte jamais ses manches ?

Comment ne pas apprécier cette lecture ? Comment ne pas avoir envie de sauver ce jeune homme ? Comment ne pas avoir envie de baffer cette femme qui n'a de mère que le nom ?
Comment ne pas avoir envie de crier à tous ceux qui croisent le chemin de Leonard qu'il ne va pas bien, qu'il a des idées noires ? Comment ne pas s'attacher à ce jeune garçon qui sèche le lycée, après avoir enfiler un costume, pour suivre des adultes et faire semblant d'en être un pour comprendre pourquoi ils sont malheureux et si c'est ça  la vie qui l'attend ?

Pitié ! Ne vous laissez pas repousser par la couverture, ni par la mise en page du récit et encore moins par ces longues Nota Bene qui sont  pourtant savoureuses. Des NB qui avaient pourtant leur place dans le récit :-/
Plongez dans cette histoire, laissez-vous entraîner par Leonard et ses amis, laissez votre esprit et votre cœur grand ouvert. 

J'ai vraiment eu une boule dans la gorge du début à la fin mais pas parce que, comme dans beaucoup de nos précédente lectures, le héros a perdu toute sa famille ou encore parce qu'il est atteint d'une maladie incurable mais parce qu'il raisonne trop, observe trop ce qui l'entoure et ceux qu'il croise. Il a une philosophie de vie qui ne cadre pas avec son jeune âge, c'est ça le souci... en partie. 
Oui j'ai aimé Leonard mais Mr Silverman est juste incroyable aussi !
Je ne connaissais pas Matthew Quick, juste l'adaptation cinéma de son roman " Happiness Therapy". Je suis très heureuse d'avoir fait "sa connaissance" grâce à Leonard. Le seul reproche que j'aurai à dire c'est : pourquoi cette fin ??!! C'est frustrant à souhait :-( 

L'une de vous l'a déjà lu ?? Dites-moi oui !!!

Un grand Merci à Quentin et à la Collection R pour cette belle lecture.

Extrait 1 : Un débat dans le cours de Mr Silverman
Ce genre de conneries révolutionnaires suscite toujours la colère des gamins les plus débiles, qui deviennent écarlates et sont parfois prêts à en venir aux mains avec lui, parce qu'il veut juste les faire réfléchir. Il ne dit pas que porter des vêtements de marque, c'est diabolique. Ni qu'acheter du Polo Ralph Lauren fait d'eux des nazis. Ni que porter des casquettes aux couleurs des équipes de Philadelphie est la porte ouverte au fascisme.
Mais ça me fait rire à chaque fois parce que je ne porte aucune de ces marques nases, je ne fais pas de sport, je ne soutiens aucune équipe et rien ne pourrait me forcer à arborer la mascotte merdique du lycée. Je ne suis pas un mouton de Panurge. Je n'aime pas les groupes. Je n'ai même pas de compte Facebook.
Alors chaque fois que Herr Silverman parle des symboles, je peux regarder les autres s'agiter et protester sans avoir l'impression d'être hypocrite.
J'ai peut-être transcendé mon âge.
Mes camarades de classe sont tous des singes décérébrés.

Extrait 2 : Leonard et Mr Silverman
J'attends qu'il développe, mais il ne le fait pas, et je me sens un peu troublé, je ne sais pas comment continuer, alors je prends mon sac à dos et j'en sors une petite boîte emballée dans du papier rose.
- C'est pour vous.
Herr Silverman sourit.
- Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter un cadeau ?
- Je vous le dirai quand vous l'aurez ouvert.
- D'accord, il dit et il commence à ôter le papier avec beaucoup de soin.
Il ouvre l'écrin, lève les yeux, hausse les sourcils et dit :
- C'est bien ce que je crois que c'est ?
- Ouais. C'est la Bronze Star qui a été décernée à mon grand-père pour avoir exécuter un officier nazi de haut rang pendant la Seconde Guerre mondiale.
- Pourquoi est-ce que tu me la donnes ?
- Pour des tas de raisons. Je ne peux pas les expliquer correctement. C'est bien pour ça que les gens font des cadeaux, n'est-ce pas ? Parce qu'ils ne savent pas exprimer leurs sentiments avec des mots, alors ils les expriment de manière symbolique. Je pense que le monde se porterait mieux si on décernait des médailles aux super profs plutôt qu'aux soldats qui tuent leurs ennemis pendant la guerre. Et avec toutes ces discussions qu'on a eues sur la Seconde Guerre mondiale, le sens qu'on essaie de tirer de toutes ces horreurs, je me suis dit que je pouvais transformer toute la négativité qui entoure cette médaille en positivité en vous la donnant. C'est peut-être absurde. Je sais pas. Mais je veux que ce soit vous qui l'ayez, d'accord ? C'est important pour moi. Vous pouvez peut-être la garder dans le tiroir de votre bureau et chaque fois que vous aurez le sentiment que vous en avez marre d'enseigner, vous penserez à cet élève un peu dingue, Leonard Peacock, qui a adoré vos cours et qui vous a fait cadeau de la Bronze Star de son grand-père pour vous récompenser d'être un excellent prof. Elle vous aidera peut-être à vous lever le matin. Je sais pas.

Chronique de Lna Tessie-cops
Boché : 316 pages
Edition : Robert Laffont
Collection : R

5 commentaires:

  1. Tu m'intrigues Lna !!!
    Je le rajoute à ma WL ! Merci ;-)

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  2. Réponses
    1. N'aie pas peur Lucie, promis !
      Bisous !

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  3. My god! Tu m'as fichu de ces frissons ! Quel scénario terrible !!!!!!!
    Sublime chronique !!!! Sujet hallucinant, ça change !

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  4. Je ne l'ai pas encore lu, mais ça ne saurait tarder ! Ta chronique me donne tellement envie !

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